Pour regarder le monde, il faut quitter sa maison. Se dépayser. Sylvie Danto a choisi le Nord pour aller vers une lumière tout en subtilité. S'approprier les paysages par des esquisses en se penchant sur les fragments dissimulés ça et là. C'est le temps des préliminaires où Sylvie glane et s'immerge dans cet ailleurs. Elle dessine, note, mémorise et "fait son paysage", elle collecte ses souvenirs pour qu'ils décantent, que le tri inconscient opéré par le temps ne garde que les traces profondes. Et de cette déambulation à l'encre de chine ou à l'aquarelle va naître la toile peinte. Les traces des paysages du Nord vont resurgir dans la solitude de l'atelier. Sylvie dit qu'elle "passe d'un certain paysage à un paysage incertain".

Invitation au voyage où chaque tableau parsemé d'indices incite à un déplacement libre : on entre, on s'approche, on scrute ces images, miroirs silencieux du monde, évocations du réel qui touchent notre imaginaire. Une porte ouverte entre le monde extérieur et le monde intérieur, comme si l'espace de la géographie entrait en nous.

Alain Geffray